A votre portée
- deambulationmystique
- 4 mars 2016
- 2 min de lecture

Un aperçu de la rencontre A votre portée dans le cadre de la manifestation Déambulations mystiques qui aura lieu du 9 au 13 mars à Angoulême
Vendredi 11 mars à 12h30
Conservatoire du GrandAngoulême
3 Place Henri Dunant
Patrice Granadel
"J’ai laissé mon carnet dans les draps bleus du temps, j’ai laissé mon crayon et son encre bleue parfumer le silence de la chambre dans la lueur du couchant où l’on voit, à travers les branches gorgées de gouttes d’eau, cette lumière, rare, toute faite de ce bleu si fin qu’il semble du cristal. Le papier du carnet répond au papier du ciel. Les deux se font face, chacun étant le récit de l’autre ; avec ce basculement de la lumière tantôt chez lui tantôt pour l’autre. Pour plonger tout entier dans le bleu…"
Un poème de Mah Chong-gi
Révélation dans les fleurs des champs
1
Au bout d’une année l’Apôtre Jean
sort d’une grotte dans la roche profonde.
Patmos, un îlot de pierres dans le détroit de la Mer Egée,
les rayons de soleil sont chauds comme chaque année.
Trop vieux, il ne voit pas bien.
Il boit de l’eau de pluie recueillie dans un verre
puis agite ses mains en guise de parole : « Aimez-vous
les uns les autres ».
Alors que Jésus est mort depuis si longtemps,
que peuvent signifier ces cheveux blancs qui flottent
lorsqu’il marche lentement dans le chemin de pierres ?
2
Les lettres de Jean adressées aux sept églises sont arrivées,
expédiées par un bateau de bois en proie à la tempête.
Ombre des paroles qui ont traversé un long périple maritime,
déchirée par punitions, ordres et hypothèses,
on n’y perçoit pas bien la sincérité de l’amour et de la douleur
on n’y voit pas bien non plus l’horizon avec ses longues houles.
3
Dans la grotte où Jean écrit la Révélation,
devant une table en pierre avec un verre d’eau
un jeune prêtre orthodoxe s’assoupit.
Son visage lumineux surmonté d’un haut chapeau noir
exprime sobrement une vision de ses rêves confus.
Quand je sors de la grotte après avoir escaladé des
dizaines de marches en pierre
le vent qui habite l’îlot me lave le visage,
des fleurs des champs rassemblées comme une trace
se pressent autour de moi
pour me chuchoter à voix basse : « Aimez-vous les uns
les autres ».
A cause du bruit des vagues je ne sais trop qui aura
prononcé ces paroles
mais le souffle de cette voix a fait trembler mes jambes.
Seules dansaient les fleurs odorantes et ardentes.
in « Le rêve des oiseaux sent l’arbre » (2002)
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