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L'expérience mystique est un voyage sans retour, un long et périlleux chemin vers l'Absolu. Ecoutons ce qu'en dit la huppe, la sage messagère de Salomon, dans La Conférence des oiseaux , chef-d'oeuvre de la spiritualité soufie, écrit au début du XIIe siècle par le poète persan Farid-Al-Din Attar :

 

J’ai survolé longtemps les plaines et les mers

J’avançais pas à pas, la tête dans les cieux

​

J’ai franchi les montagnes, les vallées, les déserts

J’ai parcouru un monde dans le temps du déluge

​

J’ai fait bien des voyages auprès de Salomon

Arpenté maintes fois la surface du globe

​

Ainsi donc, moi je sais qui est mon Souverain

Je ne peux pourtant pas aller seule vers lui

​

Mais si vous devenez mes compagnons de route

Vous trouverez accès à Son intimité

​

Il faut vous libérer de l'amour de soi !

Subirez-vous longtemps votre absence de foi ?

​

Qui renonce à sa vie gagnera sur lui-même

Dans la voie de l’Aimé qui est source de vie

Il sera au-delà et du bien et du mal

​

Donnez donc votre vie et entrez dans la danse

Qui à ce seuil royal finit en révérence 

Comme en écho, ces mots de Charles Juliet, dans un ouvrage de 1991, Dans la lumière des saisons

​

Cette traversée de la forêt, on ne peut l’effectuer que seul, en abandonnant tout repère, tout appui, tout espoir de retour, et c’est pourquoi elle n’est qu’angoisse, souffrance, désarroi, inexorable solitude.


Mais, une fois la traversée accomplie, pour celui qui a eu le courage de progresser sans savoir ce qui allait advenir, quelle force, quelle plénitude, quelle instante adhésion à la vie.

 

De saint Augustin à Charles de Foucauld, nombreux sont les exemples de mystiques dont l'âme ardente cherche d'abord le bonheur dans les jouissances de ce monde, matérielles ou intellectuelles.


Mais assez vite, se creuse une insatisfaction profonde. Seule la quête de l'Infini divin apaisera ces êtres épris d'Absolu.


Les psaumes chantent déjà cette aspiration de l'âme à la plénitude en Dieu.Le psaume 62 le traduit en utilisant l'image de la soif.


Le voici tel que l'interpréta en 1946, avec son génie poétique propre, l'écrivain, poète et dramaturge, Paul Claudel.

​

Dieu mon Dieu, il fait jour

et me voici de nouveau devant Toi, ma soif !

Mon âme de nouveau devant Toi avec soif,

et ma chair, toutes ces matières qu'elle a inventées de T'appartenir !

​

Une terre déserte, sans chemin, sans eau,

c'est saint qu'il me soit arrivé d'apparaître dessus,

afin que je regarde à l'intérieur de Ta Toute-Puissance !

​

Ta miséricorde, qu'est-ce que c'est à côté, cette vie,

je dis toutes ces vies ensemble dont je suis fait,

mes lèvres n'ont appris à configurer que Ton nom !

​

Alors je te bénirai par le moyen de cette vie que j'emploie à vivre,

je lèverai les mains dans la luminosité de Ton nom.

​

Comblé de grâce et de tendresse,

mes lèvres donnent issue à ce flot de poésie en moi qui monte !

​

Couché, Ta mémoire me submerge et levé, je regarde le matin !

Tu es là derrière mon épaule.

​

Dans l'entoilement de ces ailes que tu m'as faites j'ai pris l'essor !

Il y a quelqu'un qui adhère à Ta substance !

Il y a moi dans l'élection de ta main droite ! 

Du bist die Ruh'

​

Tu es le bon repos,

Tu es la bonne paix,

Toi tu es la nostalgie

Et ce qui l’adoucit.

​

Joie et douleur,

je Te consacre mes yeux

Et mon cœur ici

Ici est ta demeure

​

Viens, entre en moi

et ferme doucement derrière toi

Le verrou de la porte.

​

De ma poitrine chasse tout chagrin,

et que de ta joie mon Cœur soit rempli.

​

Mes yeux en toi seul

Trouvent à s’abriter

Ô comble, comble-moi

De ton brillant Eclat !

​

poème de Friedrich RÜCKERT(1788 – 1866)

traduit de l'allemand par Michel FAVRIAUD 

Créé avec Wix.com

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