
Marie de la Trinité
Présentation du séminaire
Qu’est-ce qu’une expérience mystique ?
« La connaissance ne touche pas l’être, tandis que l’expérience l’étreint » Paule de Mulatier
L’association Déambulations mystiques va bientôt fêter ses trois d’existence. Née d’une rencontre, elle poursuit son chemin avec d’autres rencontres. Rencontres autour de la mystique entre hommes et femmes de toutes cultures et de toutes spiritualités.
Mystique : « mot qui porte en lui le poids d’une histoire complexe et mouvementée » écrit Jean-Louis Backès (1) dans l’article sur Mystique, Bible et Littérature, « mot, qui jusqu’à l’époque romantique était présent dans la littérature religieuse, se met à envahir la littérature profane ». Il cite Balzac et sa préface au Livre mystique (1835-1836), où l’auteur de la Comédie humaine, affirme que « tous les calculs du fini sont caducs dans l’infini, l’infini devant être comme Dieu » … que cette possibilité devrait « donner l’amour du ciel aux géomètres » et que par conséquent il prendra « intérêt aux lointaines clartés de la mystique ».
Dans les trois récits qui composent Le livre mystique, Balzac oppose les auteurs mystiques aux tenants d’une orthodoxie figée. Il parle avec enthousiasme de sainte Thérèse, mais aussi de Fénelon.
Et Jean-Louis Backès de conclure que « le mot mystique a reçu désormais un sens plus large et que son aire sémantique s’est élargie à l’infini ».
Sylvie Germain, présidente de l’association Déambulations mystiques, a défini la mystique comme « une expérience essentiellement intérieure où s'entrecroisent le fini et l'infini, le temporel et l'éternel, la surabondance et le manque, des éblouissements et des obscurations, le désir, l'amour fou, et la liberté. » Expérience qui libère toujours « l'esprit enfermé dans la lettre, le souffle retenu dans le dogme, l'amour entravé par la loi ».
Cette définition fonde l’objet de l’association : faire découvrir la mystique dans les différentes traditions spirituelles à travers un dialogue interreligieux.
La première édition des Déambulations mystiques a eu lieu en mars 2016 autour du thème de la liberté. Le succès des rencontres avec des conférenciers de grande qualité a encouragéles membres de l’association à poursuivre leur objectif.
Dans l’attente de la deuxième manifestation, qui aura lieu en mars 2018, l’association enrichit son site de références bibliographiques, de témoignages, de rencontres et de février à juin 2017, elle organise un séminaire sur Paule de Mulatier, en religion Soeur Marie de la Trinité.
Si la mystique a toujours accompagné les religions instituées, se développant à la fois en leur sein et à leurs marges, elle a souvent mauvaise presse parce que la mystique est mal appréhendée, inexactement définie. En outre, elle est souvent tenue en suspicion par de nombreuses personnes qui la confondent avec une manifestation d'exaltation pathologique, ou une forme de fanatisme.
En proposant de cheminer avec Paule de Mulatier, femme du XX siècle, le séminaire du printemps 2017permet d’appréhender ce qu’est une expérience mystique à travers l’exemple d’une femme de notre temps.
Née à Lyon en 1903, septième enfant d’une famille d’industriels, Paule de Mulatier découvre très tôt sa vocation religieuse.
En 1930 elle entre chez les Dominicaines missionnaires des campagnes et devient Marie de la Trinité.
Elle meurt en 1980.
Elle a laissé des Carnets (3250 pages) qui ont été publiés grâce au travail considérable d’Eric T. de Clermont Tonnerre.
Ces Carnets décrivent l’expérience mystique de Marie de la Trinité, son cheminement spirituel, ses tâtonnements, ses angoisses, ses questionnements. L’aventure mystique de Marie de la Trinité commence en 1929 : « j’entrai dans l’inexprimable, l’inconnaissable amour de Dieu pour l’âme » et elle durera jusqu’à sa mort. De 1945 à 1955, elle sombre dans une grave dépression. En 1950, échappant de peu à la lobotomie, elle entreprend une cure analytique de trois ans avec Lacan. A la suite de sa rencontre avec Lacan, elle commence une formation de psychothérapeute ... Le célèbre psychanalyste la conseille dans ses travaux. Vers la fin de sa vie, elle réintègre la congrégation de Flavigny (Côte d’Or) et lorsqu’en 1970, la congrégation quitte les lieux, elle choisit d’y rester seule, dans une dépendance de l’ancien couvent, la « cambuse ». Elle reprend alors ses carnets pour les dactylographier. Son existence est désormais celle d’une simple dominicaine missionnaire des campagnes auprès des habitants qui se souviennent d’elleaujourd’hui encore.
Eric T. de Clermont Tonnerre, ancien directeur général des éditions du Cerf a initié la publication des Carnets de Marie de la Trinité. C’est lui qui ouvrira le séminaire par une présentation de Marie de la Trinité.
Les carnets serviront de support aux autres interventions.
Le psychanalyste Jean Louis Sous (2), à l’origine du projet et lui-même organisateur de rencontres sur « mystique et psychanalyse », interviendra dans le séminairesur Paule de Mulatier.
1/Jean-Louis Backès est professeur émérite de littérature comparée à l'université de Paris-Sorbonne.
2/Jean-Louis Sous exerce la psychanalyse à Angoulême. Membre de l’École lacanienne de psychanalyse, il a publié aux Éditions EPEL Les p’tits mathèmes de Lacan dans la collection des Cahiers de l’Une bévue (2000), L’enfant supposé (2005) Nicolas de Staël, Portées d’un acte(2015) et Pas très catholique, Lacan ? (2016), ainsi que Prendre langue avec Jacques Lacan (L’Harmattan, 2013) et L’équivoque interprétative (Bord de l’eau, 2014)
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